Cette conférence a eu lieu le mercredi 15 décembre 2021, animée par Gaël EVANNO, kinésithérapeute pédiatrique à Caen et directeur adjoint du RSVA Normand.
Nous vous proposons ici le replay ainsi qu’une synthèse écrite.
Toute diffusion ou reproduction de cette présentation ou de la synthèse est soumise à l’accord préalable de son auteur.
La précocité d’intervention en rééducation nécessite un dépistage rapide des premiers troubles, à une période de sa vie où l’enfant bénéficie d’une grande plasticité cérébrale. La littérature nous précise que cela peut véritablement améliorer la trajectoire de son développement et limiter l’expression de son surhandicap liée à l’absence de soins adaptés.
Différentes approches innovantes récentes viennent mettre en lumière de nouveaux essentiels rééducatifs dans la prise en charge de la lésion cérébrale, reposant sur les principes de l’apprentissage moteur et de la neuroplasticité.
Ils ouvrent, pour nous rééducateurs, de nouveaux horizons de pratique : de nouvelles perspectives sont ainsi offertes à nos patients.
Se pose alors une question : quels moyens d’intervention peuvent s’inscrire dans une démarche éprouvée scientifiquement d’amélioration de la qualité de vie permettant d’envisager nos actions au long cours ?
En effet, depuis l’enquête ESPACE impulsée par La Fondation Paralysie Cérébrale, un autre regard est porté sur les attendus en termes de thérapies rééducatives puisqu’ils sont inspirés des retours directement formulés par les personnes concernées, enfants & adultes : “nous voulons une rééducation centrée sur nos besoins”.
Ces résultats expriment les difficultés des usagers et leur insatisfaction concernant la rééducation et la réadaptation de la fonction motrice, dont le suivi tout au long de leur vie est affecté par de grandes disparités selon l’expérience et la densité des professionnels de santé sur les différents territoires géographiques.
Aussi, parler de rééducation et de paralysie cérébrale, c’est se plonger dans une jungle de techniques, de méthodes, d’outils à l’efficacité plus ou moins prouvée. Pendant longtemps, les thérapies “Hands’On” ont eu une exposition majoritaire. Elles comprennent en premier lieu :
Dans ces approches on rencontre des phénomènes de désengagement ou d’habituation neurologique, ce qui limite vraiment les possibilités de progrès pour le patient.
Au coeur des nouvelles recommandations internationales et plus récemment francophones, on retrouve différentes clés rééducatives actualisées :
– Le but premier de l’intervention en masso-kinésithérapie est d’améliorer la fonction motrice qui a été priorisée avec l’enfant et sa famille, selon des objectifs identifiés et négociés conjointement
– L’activité efficiente pour l’enfant, lui permettant de faire l’expérience du contrôle postural et espérer l’apprentissage doit s’appuyer sur les principes de la tâche orientée (tâche signifiante, s’appuyant sur un engagement actif et volontaire de l’enfant, dans un environnement favorable, avec des leviers motivationnels identifiés, et une progression/répétition des situations motrices proposées)
– L’environnement (et son aménagement) permet de développer la compétence posturale de l’enfant et donc favorise son niveau d’engagement, au service de ses interactions avec le monde.
La clef thérapeutique est de créer un contexte apprenant pour l’enfant.
Les techniques éprouvées s’appuient donc sur les principes généraux de l’apprentissage moteur et de la neuroplasticité cérébrale. Ainsi, pour maximiser l’apprentissage moteur (et donc un gain fonctionnel certain qui viendra impacter la qualité de vie), le patient doit être :
– activement engagé dans la tâche à la fois physiquement et mentalement,
– le régime rééducatif doit être suffisamment intense,
– la pratique doit être orientée, variable et à difficulté progressive.
On retrouve ces essentiels dans plusieurs méthodes validées scientifiquement, comme la contrainte induite ou la rééducation intensive bimanuelle avec les ingrédients thérapeutiques suivants :
La littérature montre que ce type de thérapie induit des changements neuroplastiques (remodelage neuronal qui s’enrichit des expériences vécues) des cartes motrices présentes dans les différentes zones du cerveau. De nouvelles aires cérébrales sont recrutées et permettent de nouveaux mouvements, du fait de la répétition et de l’apprentissage moteur dans les tâches structurées.
Les neurosciences évoluent à grande vitesse : il reste aux kinésithérapeutes à faire évoluer leurs méthodes de rééducation pour que l’expérience du soin investisse positivement les lieux de vie et qu’en toile de fond, cela serve la participation sociale et la qualité de vie de l’enfant qui grandit.
C’est finalement une Invitation à une pratique collaborative raisonnée, engagée et bienveillante au service de la fonction motrice et de son expression dans la vie quotidienne.
L’Association des Kinésithérapeutes Pédiatriques du Territoire Normand
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